
Je vous invite à découvrir mon histoire à travers une série d’épisodes - de 1 à 13.
Ils retracent des fragments d’expériences, de rencontres et de créations qui ont façonné ma démarche et nourrissent aujourd’hui mon univers.
Épisode 1
MES DÉBUTS
Diplômée de l’École des Beaux-Arts de Saint-Étienne et de l’ENSAD à Paris, j’ai très tôt eu le désir de croiser les disciplines : design de mobilier, scénographie, architecture intérieure… J’ai choisi l’ENSAD dans cet esprit ; son directeur, Richard Peduzzi, valorisait la pluridisciplinarité.
Depuis toujours, je cherche à explorer le design autrement : comme un espace de rencontres entre disciplines, cultures et matières. Mes premières expériences m’ont menée auprès de Ron Arad à Londres, et au sein des agences de Jean Nouvel, Kristian Gavoille, Christophe Pillet et Nelly Rodi.
Chacune de ces rencontres a élargi mon regard et façonné ma manière de penser l’espace et la création.
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Épisode 2
PREMIERS PROJETS
Très tôt, je ressens le besoin d’affirmer ma propre voie : expérimenter et créer. Voici quelques-unes de mes premières créations.
Parallèlement à mon rôle de chef de projet dans diverses agences de design d’intérieur, j’ai conçu des luminaires pour Habitat, imaginé des scénographies pour le VIA, collaboré avec Shu Uemura, ou encore dessiné le mobilier des salons VIP de la SNCF.
Depuis mes débuts, une fascination m’accompagne : les matériaux innovants ou détournés de leur fonction, réagissant à la lumière, capables de susciter une émotion. Grâce au soutien du Ministère de la Culture, de la Ville de Paris et du VIA, j’ai pu développer des créations qui explorent la relation entre le corps et l’espace, dans une approche hybride, entre art et design.
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Épisode 3
EXPOSITION CHARNIÈRE
Ma première exposition personnelle, en 1999, à la galerie Public> à Paris devient une étape fondatrice. Dans ce lieu alors émergent et en vue dans le monde de l’art, je scelle mon désir de tisser des passerelles entre les disciplines.
Je présente des pièces de mobilier pensées comme des installations scénographiques, capables d’évoluer et de dialoguer avec d’autres formes artistiques au fil de l’exposition. Pour donner corps à ce dialogue, j’invite plusieurs artistes à une collaboration où la performance interagit avec mes pièces : la musicienne Joana Preiss et Vincent Epplay, le chorégraphe Christian Rizzo, le styliste Shinichiro Arakawa, … et Françoise Darmon pour une rencontre autour du design. Un moment fort où les disciplines se croisent et se confrontent sans frontières.
«… La mode, l’art, l’architecture, le design, la musique, la danse, la scénographie, la vidéo autant de disciplines différentes mais qui inventent dans le même temps, et parfois dans le même espace, des modes d’énonciation identiques. S’exposer, se confronter, s’affronter, marquer une étape, comme pour mieux explorer de nouvelles manières d’envisager, de pratiquer la modernité…» - Gilles de Bure, extrait du catalogue de l’exposition.
VOIR - Exposition galerie Public
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Épisode 4
PREMIER PAS AU JAPON
Le choc et la révélation - En 2000, je pars à Tokyo pour mon premier projet, portée par une passion profonde pour le Japon. Une immersion totale, un vertige, et une transformation qui me marquera profondément.
Je réalise l’architecture d’un salon de coiffure en plein cœur d’Aoyama ; ce voyage est une véritable révélation. À mon retour en France, je n’ai qu’une idée en tête : REPARTIR. Alors j’ose. Je pars seule, sans contact, sans parler la langue, sans projet concret… mais avec la ferme volonté de réaliser des projets au Japon.
L’immersion est un véritable choc culturel. À Tokyo, les noms des stations de métro étaient encore écrits uniquement en japonais, le tourisme était quasi inexistant, et très peu d’étrangers vivaient au Japon.
J’ai ressenti le vertige face à ce nouveau monde, mais aussi une excitation immense : celle de la quête de l’inconnu.
Le Japon m’a transformée. Il m’a appris à regarder autrement, à percevoir la délicatesse des gestes, des formes et des matières, à appréhender autrement le temps, l’espace … à accueillir la beauté dans chaque détail.
VOIR - Salon de coiffure Blanco
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Épisode 5
EXPOSITION «ABSENCE»
Explorer l’espace autrement : une exposition où le mouvement génère du son, et le visiteur devient acteur de l’œuvre.
Je poursuis ma quête de l’espace en imaginant des objets et installations scénographiques, vecteurs de sens, toujours en dialogue avec des artistes d’horizons différents.
C’est ainsi qu’en 2002, je présente cette exposition à la Galerie Rocket, à Tokyo. Je conçois une expérience qui explore la relation entre le design, l’espace et le son. Les structures viennent architecturer l’espace, suggérer l’environnement, et le mouvement du visiteur déclenche des compositions sonores interactives. J’invite alors Slipped Disc, le duo du compositeur japonais Keiichiro Shibuya, à imaginer cette immersion sonore. Le visiteur se retrouve plongé dans une nouvelle perception de l’espace, où son corps devient acteur de l’œuvre.
VOIR - Exposition Galerie Rocket
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Épisode 6
EXPOSITION "Poetic Landscape"
Quand la lumière et la technologie deviennent poétiques. Mon installation Poetic Landscape récompensée par FRAME.
Dans la même quête que mes expositions précédentes, j’explore en 2004, de nouvelles technologies à travers une installation, présentée à l’occasion de Tokyo Designers Block.
Je conçois des blocs-objets / sculptures hybrides à la frontière de l’art et du design, intégrant la technologie de la vidéo LED. Leurs surfaces horizontales et verticales deviennent des écrans animés, mêlant images abstraites et figuratives en mouvement.
Ce parcours scénographique, éclairé par la lumière des LED, met en valeur les vêtements et accessoires de la marque de mode Frapbois.
En collaboration avec la vidéo-artiste Virginie Lavey, cette installation prend une dimension poétique et sensorielle, où la lumière, l’image et la matière dialoguent en une seule œuvre.
Le projet reçoit le prix de la meilleure installation décerné par le magazine international FRAME.
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Épisode 7
DES ANNÉES INTENSES AU JAPON - UN TOURNANT MAJEUR
Dix ans de collaboration avec HERMÈS au Japon. Et un tournant majeur : la création de la prestigieuse boutique RESTIR à Tokyo Ginza.
Rien n’était gagné : il a fallu acquérir la confiance et le respect des Japonais, s’immerger dans une culture totalement différente et faire mes preuves pas à pas.
Je co-fonde, les premières années, le studio Postnormal avec d’autres designers, puis ouvre mon propre studio de création, Laur Meyrieux Studio.
J’ai la chance de collaborer avec la maison Hermès, sur la direction merchandising des vitrines des 40 boutiques à travers le Japon, ainsi que sur la scénographie de nombreux événements. Cette belle collaboration se poursuivra dix ans.
En 2005, s’offre à moi un projet ambitieux : le concept de marque et l’architecture intérieure de la boutique Restir, 500 m² dans le quartier luxueux de Ginza.
Je créé pour cette boutique multi-marque de mode un univers scénographique sombre où chaque matériau noble interagit avec la lumière. La façade, véritable boîte noire vitrée sur deux étages, joue avec les reflets ; la lumière intérieure et extérieure transforme l’espace au fil de la journée. J’ai imaginé chaque détail : le concept architectural, le mobilier, les luminaires, jusqu’aux poignées de porte. Les murs, eux aussi, deviennent éléments de création avec des papiers peints uniques.
Je remercie de tout cœur Takashita-san, président de Restir à cette époque, pour son audace et sa confiance absolue.
Ce projet a connu un fort succès médiatique et commercial, marquant un tournant dans ma carrière au Japon et confirmant ma volonté de penser l’espace comme une expérience immersive et totale.
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Épisode 8
DES ANNÉES INTENSES AU JAPON - QUAND LA LUMIÈRE DEVIENT ARCHITECTURE
Une installation lumière, une expérience sensorielle à Ebisu Garden Place, vécue par plus de 150 000 visiteurs.
Ces années au Japon m’ont permis d’explorer ce qui m’anime : inventer des univers sensibles. En 2005, je suis invitée à imaginer une installation scénographique ouverte au grand public, au cœur de Ebisu Garden Place, à Tokyo.
Je conçois une installation pour une expérience sensorielle immersive : une architecture de lumière qui semble s’étendre à l’infini, accompagnée d’images et d’un espace sonore enveloppant.
J’invite la vidéo-artiste Virginie Lavey, dont les images structurent et prolongent l’espace, ainsi que le musicien Aoki Takamasa, qui compose une création sonore originale. Sa musique accompagne la scénographie et rythme le temps en moment unique.
Une expérience où la lumière, le son et l’espace se répondent en une œuvre vivante. L’installation rencontre un large écho auprès du public, attirant plus de 150 000 visiteurs.
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Épisode 9
DES ANNÉES INTENSES AU JAPON - BOUTIQUE RESTIR, LE LUXE DEVIENT EXPÉRIENCE
Restir Tokyo Roppongi Midtown
Le succès des premières boutiques Restir ouvre la voie à de nouveaux projets. En 2007, à Tokyo, naît la boutique de luxe de Tokyo Roppongi Midtown (un espace de 1000 m²).
Je conçois en amont de l’architecture le concept identitaire et expérientiel de la marque, avec l’ambition de redéfinir les codes du luxe contemporain. Tout y est imaginé comme un parcours sensible, où lumière, matières et espace dialoguent pour créer une atmosphère immersive.
L’ensemble du projet est dessiné dans ses moindres détails : architecture intérieure, mobilier, luminaires, éléments de décor. Chaque composant participe à une expérience cohérente, scénographique et raffinée.
De l’extérieur, la boutique se dévoile avec mystère : pas de vitrines traditionnelles, mais une façade animée par un grand écran LED.
Une innovation avant-gardiste en 2007, devenue depuis un code du retail contemporain. Matériaux nobles, jeux de lumière, nuances de noir et volumes modulables rythment la découverte, donnant au lieu une intensité presque théâtrale.
L’ouverture se fait en collaboration avec Chanel Haute Couture, qui y présente des pièces exclusives.
Un projet d’exception, marquant une étape décisive dans ma réflexion sur l’espace comme langage émotionnel et sensoriel.
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Épisode 10
DES ANNÉES INTENSES AU JAPON - UNE BOUTIQUE MODE PENSÉE COMME UN ATELIER D’ARTISTE EN MOUVEMENT
En 2006, on me confie un nouveau défi : imaginer le concept global d’une boutique, en concevant à la fois l’image de marque, l’architecture intérieure, le mobilier, l’identité graphique et la sélection des collections mode.
C’est ainsi que naît la boutique Olifj, à Tokyo – Nakameguro.
Je m’inspire de l’atmosphère intime d’un atelier d’artiste. Les longues tables et les stèles rappellent celles d’un atelier de sculpteur, servant d’écrins aux accessoires.
Les murs deviennent des surfaces de composition artistique et évolutive, où viennent s’accrocher images, mots, textures et vêtements — comme une œuvre vivante, en constante évolution.
Je dessine la matière : traces de pinceaux, coulures, trames, effet usures ; sur le mobilier, les murs, les tissus, donnant au lieu une texture sensible.
Sur la vitrine, une image de branches de cerisier en fleurs projète son ombre et se mêle au dripping painting doré du sol.
L’ensemble confère à la boutique une dimension à la fois brute, précieuse et intemporelle.
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Épisode 11
DANS LE SILENCE DU JAPON - TOUT RECOMMENCE PAR LE GESTE
Je quitte Tokyo après le traumatisme de Fukushima pour Hong Kong. Je retrouve la matière, je peins.
En 2011, le tremblement de terre de Tokyo et la catastrophe de Fukushima laissent en moi une empreinte traumatique profonde. Tokyo prend alors des allures de fin du monde : la ville plongée dans le silence et la pénombre, les rues désertées, les supermarchés aux rayons vides… Et partout, la peur invisible de l’explosion de la centrale et de ses nuages radioactifs.
Après 11 années de vie et de création au Japon, je prends à regret la décision de quitter Tokyo/ le Japon ; une ville/ un pays qui ont profondément marqué ma vie et ma création.
Je m’installe à Hong Kong, une ville vibrante et contrastée, entre urbanité dense et nature luxuriante. Je poursuis mes collaborations avec HERMÈS et conçois plusieurs scénographies d’exposition.
C’est là aussi qu’un besoin irrépressible surgit : revenir à la matière. Je commence à peindre sur des papiers naturels – papier de riz, papier de mûrier – en travaillant à l’encre, pigments et poudres minérales. Le Japon reste en moi : je m’inspire de la technique traditionnelle du shibori pour explorer la matière. Je ne le sais pas encore ; ces premières peintures ouvriront la voie, quelques années plus tard, à ma collection de papiers peints.
VOIR - HERMÈS Installation de Noël
VOIR - HERMÈS Évènement presse
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Épisode 12
HONG KONG – EXPLORER LA MATIÈRE DU CUIR AUTREMENT : détourner, transformer, réinventer.
Depuis longtemps, je m’intéresse à la matière du cuir.
Je l’ai souvent utilisée dans mes projets de design d’intérieur, avec cette envie constante de l’extraire de son cadre, de le transposer du monde de la mode vers celui du design : en le brodant, en le détournant, en explorant ses possibilités au-delà de son contexte initial.
En 2013, à Hong Kong, le Salon du Cuir me confie un défi stimulant : imaginer un projet autour de l’innovation du cuir dans le design contemporain.
Je deviens alors à la fois commissaire d’exposition, designer et directrice artistique. Je sélectionne des pièces internationales — notamment celles de Domeau & Pérès, de Bill Amberg… — je conçois la scénographie, réalise le catalogue, et développe ma propre collection.
Pour cette collection, je choisis de travailler un cuir responsable : chutes réinventées, cuir recyclé, cuir de poisson.
Je réfléchis, j’explore, je réinvente ; je cherche ce que la matière peut raconter lorsqu’on la traite autrement : un sofa drapé de mouton, un pouf-table basse en cuir de poisson, des coussins tressés, des bougeoirs gainés, un tapis en empiècements et cuir tatoué, des modules muraux…
Présentée à l’entrée du salon, l’installation accueille près de 12 000 visiteurs.
Un espace tactile et poétique, où la matière révèle une autre manière de créer : plus libre, plus consciente, plus intuitive.
VOIR - EXPOSITION Live in Leather

Laur Meyrieux collection présente sa collection de papiers peints ainsi que les nouveaux modèles de l'année 2025 sur le salon de Maison & Objet avec la maison de décoration Masamé.
MAISON & OBJET
Parc des expositions de Paris Nord Villepinte
16-20 JAN. 2025